©Eloïse Molinié

©Eloïse Molinié

La basilique Saint-Sernin a pour habitude d’accueillir chaque année pendant le Carême un artiste contemporain, invité à présenter un chemin de croix. 
J’ai fait le choix de proposer à cette occasion une vision singulière de la Passion, centrée sur le visage du Christ et en particulier sur son regard. Tout au long de l’avancée vers le Calvaire, Il garde les yeux fixés sur nous, Il sait déjà et porte déjà chacune de nos fautes et de nos douleurs : nous sommes tous présents devant lui, concernés par ce qui se passe. C’est une réalité qu’il nous est facile d’oublier. Nous avons certainement vu des dizaines de représentations du Chemin de Croix : la scène est presque toujours dépeinte de loin, nous plaçant plus dans la position de simple observateur que de participant. Le choix de compositions extrêmement proches du visage du Christ tend à effacer cette distance et à provoquer un face à face avec Celui qui a donné Sa Vie pour nous. 

La palette utilisée est composée exclusivement de couleurs chaudes, à l’exception de l’outremer du manteau de la Sainte Vierge. Ces tons rendent l’atmosphère pesante, rappelant la lourdeur d’un Soleil de plomb et les pigments terreux qui sont utilisés rappellent que le Christ est le nouvel Adam, rachetant la faute du premie, autrefois tiré de l’argile. La poussière de ce monde est embrassée, fécondée par le Précieux Sang versé pour elle. 

Même au plus haut de ces douleurs, le regard de Jésus ne perd jamais sa douceur. Ce calme questionne, il nous apprend la patience et le maintient de la paix intérieure. Ce n’est ni une résignation, ni un stoïcisme qui se prétendrait inébranlable. C’est le fruit de l’obéissance du Christ à Son Père : la présence de Dieu que nous sommes appelés à reconnaître habitant toute chose, de la plus grande de nos joies à la plus profonde de nos peines.